RP avec Naomi

En temps normal, j'aimais beaucoup aller dans des lieux publics pendant mon temps libre. Rien de mieux que de voir les gens évoluer dans plusieurs sortes d'environnement après tout. Mais aujourd'hui, je réalisa bien vite que ce ne serait pas vraiment possible. L'envie n'était pas là. Ou du moins, mes programmes avaient cessé d'aller en ce sens, quand bien même j'avais été programmé pour ça à l'origine. Incapable toutefois de chercher pourquoi ce changement, je réalisai également bien vite que j'avais plutôt envie de la compagnie d'autres robots, comme moi. Etait-ce parce que je venais de regarder le micro-onde pendant une bonne heure en rêvant de pouvoir discuter avec, ou parce que soudainement, j'avais envie de glisser des écrous dans mon café ? Je n'aurais pu y répondre. Mais ce qui était certain, c'est que j'avais fini par me rendre au centre commercial.

Si d'habitude, j'y venais surtout pour changer ma garde-robe, acheter du café et surtout, observer les gens, cette fois-ci était différente. J'avais surtout envie de voir le magasin de robotique. Je ne comprenais rien à toutes les pièces détachés, notamment parce que malgré mon envie, mes programmes de base ne m'avaient jamais permis de comprendre quoique ce soit à ce domaine. Mais qu'importe. Et soudainement, un homme vint. Drôle d'homme d'ailleurs. J'avais rarement vu des humains de sexe masculin avec une poitrine aussi développé. Et d'un coup… Révélations.

- Etes-vous une personne trans?

Fut ma première question. Avant que je ne parvins à analyser et comprendre tout ce qu'il avait dis juste avant. Mignonne? Des conseils?

- Vous voulez que je vous aide à avoir l'air plus féminin? Féminine?

Rah, je ne me souvenais plus comment accorder dans ce genre de cas.

J'étais pleine de bonne volonté pour aider ce monsieur, mais visiblement, lui était moins content. Il me reprochait de curieuses choses, comme du sable dans mes yeux. Et puis je réalisai qu'il se méprenait totalement sur ma condition. Pensait-il que j'étais humaine? Je l'avais cru à un moment aussi, avant que je ne surmonte mon bug de fabrication. Peut-être n'était-il pas humain aussi. Dans une boutique de robotique, qui sait s'il n'était pas lui-même androide ? Peut-être avait-il un soucis de conception, un bug de fabrication ou une erreur dans ses programmes, après tout. Avant que je ne formule une réponse, toutefois, il attrapa ma main pour la poser sur lui.

- Erreur.

Pris-je soin de signaler, alors qu'il expliquait la raison de son geste. Ou du moins, qu'il pensait que mes yeux étaient défectueux, tandis qu'il voulait juste des conseils sur la robotique. Néanmoins, à son grand malheur, ma main était toujours posé sur ce dernier et je secoua la tête.

- Contact physique non autorisé. Erreur.

Répétai-je. Avant que mon système de défense ne finisse par s'activer, envoyant à celui-ci une faible décharge électrique en guise de premier avertissement réel. Du moins, juste assez pour que ce ne soit qu'un faible équivalent à un taser.

La décharge n'avait pas été très forte, mais suffisante pour le mettre au sol. Immédiatement, et de toute évidence, des clients se tournèrent vers nous. Difficile d'expliquer quoique ce soit alors que ce dernier restait inconscient au sol. Gênée, et un peu embarassée, je triturais mes doigts avec un air d'embarras visible sur mon visage. Que pouvais-je dire pour ma défense? Je n'y pouvais rien moi si mes programmes étaient ainsi. Déjà d'ailleurs, un vendeur s'approchait pour lui tapoter les joues en me lancant un curieux regard.

- Désolée… C'est… C'est mon programme de défense….

Fus-je seulement capable de murmurer. Mais visiblement, l'excuse suffit et les gens préfèrent retourner à leurs affaires. Enfin, toutefois, le drôle de bonhomme ouvrit les yeux et le vendeur reparti lui aussi après s'être assuré que son client allait bien. J'attendis d'ailleurs de voir si ce dernier pouvait bouger et se relever. J'hésitai même à l'aider, mais au final, il parvint à se redresser tout seul. A mon grand soulagement, d'ailleurs. Il aurait été embêtant de devoir appeler des secours et en plus de devoir expliquer comment cela s'était produit.

Je sentis que je devais être offensé sur la suite de ses propos et en particulier sur le passage où je me faisais prendre pour un garçon. C'était faux, évidemment. Mon corps était féminin et j'avais été programmé pour être une fille. Mais curieusement, je me sentais particulièrement insulté sur le “robot de pacotille”. Immédiatement, je secoua la tête pour nier.

- Je ne suis pas faite de pacotille, homme stupide.

Rétorquai-je assez froidement. Qui était-il d'abord pour se permettre ce genre de commentaire? Pas très ravie d'entendre ça, j'avais déjà froncé les sourcils et serré les poings. Ma violence? Je n'avais pas été violente. Tatsu peut être violente mais pas moi, d'abord. Il tenta de me gifler, et je déclenchais mon bouclier momentanèment, par simple mesure de précaution. Et tant pis pour la dame qui venait de se le manger en plein museau, en avancant droit dans cette direction. Finalement, le drôle d'homme se résigna.

- Ce n'est pas ma faute.

Lui répondis-je en penchant la tête.

- Mon programme de défense s'active seul dans certains cas. Veuillez ne plus outrepasser les permissions. Désirez-vous vous asseoir ? Vous avez l'air très fragile pour un monsieur.

Du moins, la décharge n'aurait pas dû le sonner autant. Elle ne devait être là que pour faire comprendre, comme un petit avertissement.

Je le laissa s'asseoir sur un pouf, m'assurant qu'il pouvait y prendre place sans trop chanceler ni chuter de nouveau. Je me sentais un peu responsible de ce pauvre homme tout de même. Il avait l'air particulièrement fragile, et je n'y pouvais rien si mon système de défense avait décidé de se mettre en route. Ce dernier qui persista d'ailleurs à affirmer qu'il était une fille et, nerveusement, je me gratta la tête en la penchant. C'était très certainement une personne trans, mais mes fichiers sur l'aptitude à adopter dans ce genre de situation semblaient indisponibles.

- Je suis désolée… Je n'arrive pas à avoir accès à mes fichiers. Je ne voulais pas vous fâcher monsieur Madame.

Je balbutiai, ne sachant comment réagir. Ce dernier avoua d'ailleurs juste avoir voulu sociabiliser avec moi. Discuter, me prendre dans ses bras. Je fronçais les sourcils. C'était des envies… d'humains. Je n'en avais pas envie. Pas aujourd'hui en tout cas. J'avais bien des bribes de souvenirs où je m'intéressais à eux, les regardais, essayais d'interagir avec eux. Mais là… L'envie n'étais pas là. La simple idée de prendre cette personne dans les bras ferait de nouveau réagir mon système de défense, j'en étais sure et certaine. En guise de réponse, je secoua la tête.

- J'aimerais mieux faire un câlin à un micro-onde qu'à vous. Je n'ai … pas envie d'approcher de trop des humains. Pardon.

Le jeune damoiseau continuait de se montrer un peu curieux. Je fronçai les sourcils tout d'abord: pourquoi me demandait-il autant de choses? Est-ce que les gens l'étaient toujours? Diante, c'était fatiguant. Je suppose que c'était ça aussi, ce qu'ils appellaient “sociabiliser”? Au fond de moi, je n'en avais pas trop envie. Mais quelque chose tout de même me retenait de l'envoyer balader sur les roses, et c'était évidemment la faute à ma programmation. Ce que je faisais ici ne la concernait pourtant pas, et je l'imita, lâchant à mon tour un long soupir.

- Je voulais juste voir les autres robots… Pas vous, les humains…

Trop sincère sans doute, je ne pris pas du tout attention au fait qu'une fois encore, cela pouvait la froisser. Mais, trop curieuse pour son propre bien à mon avis, elle revint à la charge. Une fois encore, cependant, quelque chose m'empêchait de refuser de lui répondre, et je fis un sourire poli.

- J'ai été créé par une équipe d'ingénieurs dans un but précis. La raison est : accès refusé. … Je suis une humaine.

Ajoutai-je après un court instant, me sentant soudainement perdue. Humaine? Robot?

Loin de me laisser tranquille, le jeune homme persista. Je soupira, tout en écoutant. Pourquoi je pouvais pas partir d'ailleurs ? Quelque chose semblait bloquer dans mes programmes. Est-ce un bug ? Un virus ? Je ne pouvais pas savoir. Ou du moins, je n'étais pas en mesure de savoir et cela m'ennuyais. L'idée que quelque chose n'allait pas en moi avait déjà fait son chemin. Mais je ne pouvais rien faire. Et tout ça… Tout ça était en fait dû à cause de ce petit monsieur. Ce n'était peut-être pas moi d'ailleurs. C'était peut-être juste lui qui m'ennuyait. Je haussai les épaules, pour montrer que je n'étais pas très passionnée par la conversation. Si j'aimais les premiers ingénieurs? La réponse était pourtant évidente.

- Et bien….

Et bien? La suite ne me venait pas et je frissonna, me sentant comme fiévreuse. Ma température interne était du moins en train de monter, et c'était indéniable. Les frissons se firent tremblements et je parvins finalement à retrouver un peu de calme alors que cela se calmait.

- Mes créateurs sont morts il y a longtemps.

C'était une réponse. La seule qui me venait en tête. Et c'était tout. Certes, il avait été plus curieux que ça, mais je ne savais pas quoi répondre. Même si les tremblements avaient cessés, j'avais encore chaud, après tout.